Légendes Elfiques
Les légendes regroupées ici étaient pour la plupart perdues, ou oubliées de mon
peuple. J'ai donc fait tout mon possible pour les retranscrire, sans jamais les modifier,
afin que les traditions qu'elles représentent vous soient livrées sans interprétations
personnelles.
Bonne lecture.
Éanaël Ulvert, Ayhoppe.
Lhodolë III
C'est l'histoire de Lhodolë III, roi d'un paisible petit royaume, qui était caché aux
yeux du monde par une grande forêt.
Un jour d'automne, un étranger vint. Un marchant semblait-il.
Le roi lui offrir l'hospitalité et un banquet fut donné, afin que tous puissent entendre
les récits de cet homme. Toute la ville était présente, tant les visiteurs étaient rares.
Mais pendant la fête, le voyageur lança un sortilège qui pétrifia toute l'assemblée,
à l'exception du roi. A Lhodolë, il ordonna de lui donner son trône, sans quoi il
ne régnerait plus que sur un cimetière. Le roi était furieux d'avoir été ainsi trompé,
mais ne pouvait pas laisser ses sujets pétrifiés. Le perfide individu lui laissa le reste
de la nuit pour réfléchir, et se retira dans les appartements royaux. C'est alors qu'un
garçon, rentra dans la ville. Il était allé se promener dans la forêt le matin même, et
s'y étant attardé, il ne savait pas qu'un étranger était venu dans la journée. En arrivant
sur la place du palais, il vit tous ces gens frappés par le maléfice.
Une heure durant, il chercha ses parents, et les trouva eux aussi transformés en
statues. Il tomba à genoux, terrassé par le malheur. Toute la nuit durant, il pleura
aux pieds de ses parents, et au petit matin, mourut de chagrin. Alors que la vie
venait de le quitter, son corps se mit à rayonner d'une blanche clarté, jusqu'à
n'être plus qu'une lumière aveuglante. Le roi qui était toujours sur son trône, se
cacha le visage pour ne pas perdre la vue. Lorsqu'il put ouvrir ses yeux, le sortilège
avait disparu, et les villageois revenaient à la vie. Les parents du jeune garçon, virent
alors le corps sans vie de leur enfant, et toute la ville pleura avec eux.
Le roi leur jura alors que ce crime ne resterait pas impuni. Il courut chercher
le coupable, l'épée au clair, et lui trancha la tête dans son sommeil. Puis Lhodolë alla
creuser une tombe pour le jeune garçon, et l'y enterra avec la couronne. Afin que plus
jamais une telle chose ne se produise, le roi fonda un ordre de chevaliers. Il lui donna
le nom de Belthil, "éclat divin". Il laissa le trône à son fils, puis partit sur les routes
avec une partie de ses chevaliers, pour combattre les ténèbres. Les autres devaient
protéger la ville, et former de nouveaux chevaliers.
Lhodolë mourut quelques années plus tard, dans une bataille, mais l'ordre existe
toujours, et livre encore bataille pour défendre la lumière.
Les fées
Il est dit qu'elles naissent dans des fleurs, en haut d'un grand chêne.
Parfois un être pur, s'en va les rejoindre à sa mort. Son âme traverse alors les terres
et les océans, et va vivre parmi elles.
Elles ont le pouvoir dit-on de prendre corps, si elles ont encore à faire sur terre.
C'est ainsi qu'un chevalier, mort dans une bataille contre les armées d'un mage
dominé par les ténèbres, revint affronter son adversaire. Il est dit aussi qu'il vainquit
le mage, et que les dieux blancs pour le remercier lui laissèrent son corps.
Et c'est ainsi, qu'il remporta de nombreux autres combats contre les ténèbres, et
entra dans la légende.
La boite d'oubli
Une jeune elfe, venait de perdre son époux ainsi que leur enfant dans un pillage.
Des brigands avaient incendié son village, massacrer ses habitants. Ils la laissèrent
pour morte après lui avoir fait subir les pires choses. Elle était là, les bras en croix,
allongée dans les cendres.
C'est alors qu'elle entendit la voix d'une femme, douce comme une caresse :
"Jamais les dieux n'auraient dû laisser pareil drame se jouer.
Je ne puis te rendre les tiens, mais je peux te rendre ta vie.
Prends la branche la plus tendre d'un cerisier, et tailles dans ce bois un simple cube.
Avant qu'il ne sèche, tu déposeras dessus de la rosée, et les larmes d'un être béni,
libre de tout mal. Voici les miennes, car elles ont ce pouvoir dit-on…
Une fois tout cela fait, chacune de tes larmes qui tombera sur le cube, emmènera
avec elle le terrible souvenir. Ainsi tu pourras continuer à vivre."
La jeune femme se redressa, et trouva dans sa main une petite fiole contenant un liquide
plus transparent que la plus pure des eaux de montagnes. Elle alla cherche le cerisier,
y tailla un cube dans la branche la plus tendre. Elle attendit le matin, et le baigna
dans la rosée. Puis elle ouvrit la fiole, et versa les larmes qu'elle contenait sur la boite
d'oubli.
Pendant quelques instant, elle crut ne plus avoir de larmes à verser, tant elle avait
pleuré ces derniers jours. Mais la douleur était très forte, et une larme coula sur sa joue.
Elle la recueillit dans sa main, et la déposa sur le cube de bois.
Ses yeux se révulsèrent alors, et elle fut prise de convulsions. Elle hurla toutes
ses peines, alors que la larme disparaissait dans la boîte. Puis elle s'évanouit.
A son réveil, elle ramassa machinalement le cube, et se releva. Elle avait oublié
ses souffrances, le pillage et sa famille morte. Elle avait de nouveau le cœur léger,
et partit sur la route continuer sa vie.
La petite fille et le dragon
Il était une fois, Grold, un très vieux dragon, qui vivait dans sa grotte.
Toute sa jeunesse, il avait écumé les terres, à la recherche de trésor à piller.
Une journée de printemps, après une sieste de quelques semaines, il se préparait
à sortir se dégourdir les ailes et dévorer une vache ou deux. Alors que Grold se faufilait
hors de sa tanière, il entendit comme une respiration…
Il tourna la tête, et vit une petite fille, pelotonnée dans de vieilles étoffes qu'il avait
trouvé l'année passée, dans une caravane. Grold ne se souvenait pas avoir pris
cette petite avec les tissus. Il tendit son long cou vers l'enfant, pour mieux la sentir.
C'est alors que la fillette se réveilla, alertée par l'odeur du dragon. En voyant
cette grosse tête monstrueuse, elle se mit à hurler de toutes ses forces. Surpris par
ce cri strident, Grold recula et se cogna la tête contre les stalactites de sa caverne.
Ce cri résonnait sur les parois, et semblait ne jamais devoir finir. Grold battit en retraite
hors de sa caverne, tant ce bruit lui faisait mal aux oreilles, et s'envola vacillant, car
dans sa tête résonnait le hurlement de la petite.
Il revint dans la nuit, après avoir mangé un troupeau de chèvre, car son sommeil
et ces émotions l'avaient affamé. Mais la petite était encore là. Elle allait se remettre
à crier de peur, mais le vieux Grold ne voulant pas perdre ses oreilles, recula
en faisant de grands gestes avec ses pattes pour demander pitié. La petite, surprise
par la réaction du dragon, en oublia de crier, et elle commença à rire en voyant la tête
apeurée de Grold.
Le vieux dragon, n'avait jamais entendu si belle chose. Il se demanda :
"Comment se peut-il, après toutes ses années à parcourir le monde, que
je n'ai jamais découvert si beau trésor ?"
Il faut dire que les dragons n'ont pas souvent l'occasion de voir, quelqu'un heureux.
Leur seule présence, suffit à faire fuir tout un village, et à attirer des paladins
vociférants, comme un bon jambon attire les mouches.
Mais Grold était charmé par le son du petit rire qui résonnait dans sa caverne.
Il ferma ses grands yeux de lézard pour mieux goûter au bonheur d'entendre cette enfant.
Elle se calma doucement et s'arrêta de rire, émerveillé par ce dragon. Elle s'approcha
de lui, et lui demanda de sa petite voix aiguë :
"Je croyais que les dragons mangeaient les petites filles.
Grold se trouva soudain très vieux. Et pourtant il était passé à côté de tellement
de chose…
"Je m'appelle Vinia, dit la petite. Et toi, tu as un nom méchant dragon?
le nez. Ne voulant pas blesser son nouvel ami, elle lui caressa les naseaux, comme
pour s'excuser. Mais piqué au vif, le lézard s'en alla manger un pommier.
A son retour, Vinia dormait, car il était très tard ; il retourna donc lui cueillir quelques
arbres dans un verger, pour qu'elle puisse avoir à manger. Au petit matin, Grold trouva
Vinia contre son cou, une pomme à peine croquée dans sa petite main. Elle était
venue dormir contre lui pendant la nuit, au chaud contre le feu qui brûle dans ses entrailles.
Et aujourd'hui encore, ils vivent dans leur caverne. Vinia a jeté les vilains ossements
qui jonchaient le sol, et les a remplacés par de belles plantes aux parfums enivrants.
Grold se réjouit toujours d'entendre son rire sonore et si charmant ; et la nuit, il attend
pour s'endormir que Vinia vienne le rejoindre, car il aime sentir battre son petit cœur
contre ses écailles.
La libellule et le papillon
Deux frères se promenaient dans une forêt. Le plus jeune était toujours en train de
courir, le plus vieux voulant toujours lui faire des misères.
Ce jour là, ils se perdirent et furent séparés.
Le plus jeune pris peur, il entendait encore la voix de son tyran qui le pourchassait,
et s'enfonça plus encore pour se cacher dans la végétation. Le méchant grand
frère ne pensait qu'à la punition qu'il allait lui donner pour l'avoir obliger à courir, et
lui faisait savoir en criant sa colère. Bientôt il comprit que son frère lui avait échappé,
et voulant rentrer, il s'aperçut qu'il était perdu.
Le plus jeune quant à lui, n'entendant plus son tortionnaire de frère, sortit du buisson
où il avait trouvé refuge. Attiré par le bruit clair d'un court d'eau, il alla y étancher
sa soif. Alors qu'il était penché là, à contempler le ruisseau, une libellule vient se poser
sur un rocher juste à coté de lui. Il n'osait la toucher, de peur de lui faire peur et
qu'elle parte, le laissant seul dans cette forêt. Il ne pouvait détacher son regard
des reflets dorés projetés par l'insecte.
Pendant ce temps, son grand frère tachait de retrouver le sentier qui l'avait conduit là.
Il était furieux, comment son imbécile de frère avait pu lui faire cela se disait-il. Car il en
était responsable aux yeux de ses parents, et savait qu'une punition l'attendait à
son retour. Plutôt que de rebrousser chemin pour le chercher, son esprit tortueux
lui souffla bien vite qu'il avait pris la bonne décision. Il n'aurait plus à supporter
son frère dans ses promenades. Il marchait lentement, un sourire mauvais aux lèvres.
Son regard fut soudain plus cruel encore : il venait de voir un merveilleux papillon
sur une fleur à quelques mètres de lui.
Son petit frère de son coté, venait de se lever. La libellule ayant repris son vol
le long du ruisseau, il la suivait ne pouvant se résoudre à la voir partir. Après une petite
trotte derrière l'insecte, il reconnut un des sentiers qu'il empruntait chaque jour pour
l'école, et rentra bien vite chez lui raconter sa merveilleuse rencontre à sa mère.
Le grand frère, lui, s'était approché du papillon pour le toucher. A peine eut-il effleuré
les ailes que leurs jolis motifs s'effacèrent. Pensant que le papillon avait fait cela
pour se moquer de lui, il abattit sa vilaine main sur lui pour se venger. Le papillon
voulut s'envoler, mais ses ailes avaient été grandement endommagées par le garnement
et il ne put éviter le coup.
Son frère venant de raconter ses infortunes et la belle libellule, les parents partirent
à la recherche du méchant garçon mais ne le trouvèrent point, ni ce jour là, ni les suivants.
Il ère encore dit-on, dans les bois et les forêts, à la recherche d'une victime à
martyriser. C'est sans doute pour cette raison, que les petits elfes sont sages et
aiment la nature. Ils savent qu'elle les protégera temps qu'ils la respecteront comme
leur mère, et mangeront leur soupe bien gentiment avant d'aller se coucher.
Ces légendes ont honteusement été dérobées par la guilde des voleurs de la Cité Blanche sur le site : http://altern.org/rolenet/ |
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